Énée le Tacticien : méthodes de stéganographie
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Le grec Énée le Tacticien ou Énée de Stymphale, cité dans le texte « Stéganographie
ou cryptographie... (2 de n) » est vraiment une source intéressante sur la
stéganographie.
Dans son ouvrage « La Poliorcétique - Traité sur la
défense des places ** », il décrit une série de méthodes qui peuvent être
utilisées pour transmettre « secrètement » des messages. Son «Chapitre XXXI - Des lettres secrètes»
se compose de 23 paragraphes.
Parmi les 12
premiers paragraphes, on peut relever quelques moyens inventoriés par le général
stratège comme « les plus sûrs à imiter » pour « les lettres que l'on envoie en
secret ».
Morceaux choisis :
(2) Dans un envoi d'objets divers, on
inclut un livre dans lequel on a « fait des points sur les caractères » que le
correspondant devra retrouver pour composer le message.
(3) On peut
aussi, dans une simple lettre traitant de n'importe quoi, marquer les lettres à
assembler. Seulement pour des messages courts évidemment.
(4) On envoie un homme qui porte des chaussures dans
lesquelles on a dissimulé le message... pendant son sommeil. Deux règles à
respecter : écrire le message « sur du plomb blanchi qui a été battu fort
mince » et profiter du sommeil du messager pour « découdre ses souliers (...) y
substituer la réponse (et...) racommoder le soulier (...) en ayant soin que ces
coutures soient faites de manière que rien n'y paraisse ».
(5) Pour faire
parvenir une lettre à Éphèse (une des plus anciennes cités grecque d'Asie
Mineure, Éfes en Turquie actuelle), on l'attacha à un ulcère que le messager avait sur
la jambe.
(--) D'autres moyens sont d'écrire les messages sur des plaques
de plomb que l'on insère dans les boucles d'oreilles pendues aux oreilles des
femmes ou de cacher la lettre dans la bride du cheval.
(10) Énée le
tacticien écrit
aussi : « Faites sécher une vessie de la grandeur nécessaire. Après l’avoir
enflée et bien liée à son col, écrivez dessus avec de l’encre à laquelle vous
aurez ajouté un peu de gomme. Lorsque les lettres seront sèches, désenflez la
vessie et la faites entrer dans une bouteille; après cela, remplissez cette
vessie d’huile, elle s’appliquera parfaitement à l’intérieur de la bouteille;
coupez ensuite ce qui déborde la bouteille, appliquez-en le col si bien à celui
de la bouteille qu’il n’en paraisse rien, et il ne paraîtra y avoir que de
l’huile ».
(12) En bref, ce moyen est l'utilisation d'une encre
sympathique, méthode qui connaîtra un développement important au cours des
siècles. Le naturaliste Pline l'Ancien décrira une première formule à base de
citron et de vinaigre dans son « Naturalis historia » en l'an 73. En 2011, la
C.I.A. révèlera les formules mises au point par les allemands pendant la Grande
Guerre de 1914-1918 pour obtenir l'encre invisible vraiment... invisible.
Extraits des paragraphes suivants de «La Poliorcétique» dans « Stéganographie
ou cryptographie... (4 de n) ».
** Énée le Tacticien, Poliorcétique - Traité
sur le défense des places, an 73; traduction du comte de Beausobre in : Albert de
Rochas d'Aiglun, Mémoires de la Société d'émulation du Doubs, France - Besançon
- Doubs, 4ème série, 6ème volume, Traités didactiques, 2ème partie, 1870-1871,
pp 301-325